Codes DNR dans le transport des patients
Frank Lippens est président des commissions flamande et bruxelloise de transport non-urgent de patients (couché). Il dispose de plus d’un demi-siècle d’expérience dans le domaine – y compris dans le secteur de l’aide médicale urgente – et nous avons donc décidé de lui donner le dernier mot dans ce numéro consacré aux codes DNR Il nous fait part ci-dessous de sa vision et de ses rêves pour la politique DNR et de l’impact sur le transport des patients.
Le fait que la problématique des codes DNR soit soulevée pour discussion dans le secteur du transport non-urgent de patients est en soi un élément très positif. Nous plaidons pour une approche bottom-up. La problématique s’inscrit cependant dans un champ de travail plus large pour les professionnels de la santé, et donc les ambulanciers actifs dans le cadre du 112 ou de l’aide médicale urgente y sont également confrontés. De plus, le médecin généraliste de garde ou le médecin du SMUR doit, d’un point de vue déontologique, fournir tous les soins possibles en l’absence d’un code DNR valide, faute de quoi cela pourrait être considéré comme une négligence coupable. Il n’est pas rare que des personnes souhaitent mourir chez elles sans être réanimées, mais finissent par se retrouver à l’hôpital ou sont réanimées en tant que patients palliatifs faute d’un code DNR clair. C’est une situation déplorable.
À partir d’un dialogue
Le cadre juridique est approprié, mais bien que les hôpitaux fassent de nombreux efforts en interne pour établir une politique DNR adéquate, le grand public ne se rend pas suffisamment compte qu’il n’est pas facile en soi d’amener les médecins d’un hôpital à s’aligner. Les choses évoluent dans le bon sens. En même temps, chaque document DNR est aussi un signal que le prestataire de soins doit accepter le fait qu’il y a des limites à la médecine, et cela est souvent considéré comme un échec.
« Un code DNR n’est pas statique et nécessite une révision et une mise à jour régulières, alors que les ambulanciers n’agissent que de façon momentanée. »
Une politique DNR appropriée dans les hôpitaux ou les maisons de repos inclut un dialogue entre le patient, le prestataire de soins (médecin généraliste et/ou spécialiste), la famille ou les proches, et l’équipe soignante. Cela ne peut donc pas être réduit à une obligation normative simplement parce que l’inspection des soins souhaite trouver un document DNR dans le dossier médical.
Aperçu d’une évaluation continue
Un code DNR n’est pas statique et nécessite une révision et une mise à jour régulières, alors que les ambulanciers n’agissent que de façon ponctuelle. Ils doivent avoir accès à une source d’information fiable. Au cours de la prochaine législature, ce problème devrait être résolu. Les prescriptions de médicaments figurent déjà sur la carte d’identité électronique (eID). Cela devrait également être réalisable pour le code DNR, et nous devons, avec tous les professionnels de la santé, viser cet objectif pour inciter le gouvernement à agir dans ce sens. Tant que le code DNR diffère d’un établissement de soins de santé à l’autre, l’eID devra également inclure la signification du code, car la standardisation par le biais d’un cadre juridique n’est certainement pas pour demain. Une communication adéquate et un support d’information accessible sont ici prioritaires, quel que soit le détenteur du dossier médical.
Assurer un confort maximal à chaque maillon de la chaîne de soins
Des ambulanciers qui préfèrent ne pas transporter de patients palliatifs par crainte qu’ils décèdent en cours de route. C’est une situation que de nombreux services d’ambulance sont familiers. Heureusement, des solutions sont en cours d’élaboration : une politique plus uniforme entre les hôpitaux et une meilleure communication avec les autres maillons de la chaîne de soins.
Belgambu s’efforce chaque jour de mettre en place un secteur durable et viable, doté de ressources et d’un espace suffisant pour assurer des soins de qualité en cours de route. « Nous le faisons sur le devant de la scène comme en coulisses », insiste le président Kenneth Arkesteyn. « En clarifiant des défis comme la zone grise dans la politique DNR, nos members peuvent mieux accomplir leur mission. Tout le monde y gagne. » Avec quelques exemples de solutions pragmatiques de l’UZ Leuven et des conseils concrets pour les ambulanciers, Bam veut inspirer et donner une orientation.
« Un cadre clair permettrait déjà de d’éliminer de nombreuses incertitudes. »
Travailler à l’amélioration et à l’uniformisation de la politique
L’UZ Leuven utilise une KWS, station de travail clinique complète, comme dossier des patients, tout comme 30 autres hôpitaux en Flandre. Grâce à ce système, le code DNR de l’hôpital de départ s’applique également à l’arrivée dans un autre hôpital proche. « Jusqu’à ce qu’un médecin du nouvel hôpital considère que le code doit être modifié », explique Inge Bossuyt, infirmière de pratique avancée en soins palliatifs à l’UZ Leuven. « Cela nécessite que les Médecins aient confiance dans les compétences de leurs confrères, au-delà des frontières hospitalières. Si un patient rentre chez lui, c’est le médecin généraliste qui décide du code DNR. »
En outre, à l’UZ Leuven, un DNR1 (voir encadré) n’est pas seulement communiqué verbalement, mais aussi par écrit à l’ambulancier et au patient. Cette étiquette est datée et n’est valable que pendant ce trajet. De cette manière, le DNR conserve son caractère évolutif. « Le contexte palliatif en général et les codes DNR en particulier sont délicats. En cas de situation aiguë, il est essentiel que chaque professionnel de santé prenne les bonnes décisions. Une communication claire est la meilleure manière d’y parvenir », trouve Inge. « D’ailleurs, au sein des autorités publiques, on réfléchit à un code DNR commun qui serait intégré dans le dossier eHealth du patient. Une bonne idée, mais ce n’est pas pour demain. Nous n’allons donc pas continuer à attendre. »
« La confiance dans les compétences de chacun est essentielle. »
Un soutien suffisant pour les ambulanciers
Si un patient décède en cours de route et qu’il n’est pas autorisé à être réanimé, c’est un moment éprouvant. Tant pour la famille que pour les ambulanciers. Il peut être utile pour un ambulancier d’avoir une vision claire de ce qu’il peut faire en cours de route, ainsi que de la meilleure manière de réagir après un décès. Inge : « S’il existe un cadre clair et que le code DNR de la dernière politique de soins compte en cours de route, cela lève déjà beaucoup d’incertitudes. De cette manière, nous évitons que les services d’ambulance refusent de transporter des patients palliatifs dans leurs ambulances. En outre, nous devons abaisser le seuil de demande d’assistance pendant le trajet, y compris pour des actes qui visent uniquement le confort du patient et qui ne peuvent être effectués que par une infirmière ou un médecin. Ainsi, nous ne laisserons pas les patients souffrir inutilement en cas de problèmes respiratoires, par exemple. »
Les patients sous dialyse rénale ont aussi souvent un DNR1. Chez ces patients, l’existence du code DNR est souvent moins évidente, pas immédiatement visible et encore moins évidente à mettre en oeuvre, sachant que ces personnes prennent souvent un taxi pour se rendre au centre de dialyse. « Depuis 2016, nous demandons au sein de Belgambu que le transport de patients en fauteuil roulant ou assis soit considéré comme une partie du transport de patients non urgent. Actuellement, cela relève en Flandre du ‘décret taxi’ et est considéré comme un transport de personnes », ajoute Kenneth Arkesteyn. « Notre secteur est en effet un maillon essentiel de la chaîne de soins. C’est pourquoi, à l’instar des autres dispensateurs de soins de santé, nous plaçons le bien-être du patient au premier plan. Le respect des souhaits du patient et la recherche d’un maximum de confort sont ici indispensables. Nous sommes donc heureux de nous associer à toutes les parties prenantes pour affiner la politique du DNR et clarifier la communication qui l’entoure. »
Le contenu du code DNR
Bien que l’interprétation exacte des codes DNR puisse varier d’un établissement de santé à l’autre, le fil conducteur est le même :
Le DNR1 concerne l’administration ou non de soins médicaux d’urgence en cas de situation aiguë. La réanimation ne ne doit plus être commencée, et il peut également y avoir des restrictions pour la ventilation du patient.
Le DNR2 porte sur le début ou non de certains traitements, tels que la dialyse rénale, une cure d’antibiotiques, l’administration de liquides et de nutrition par sonde, etc.
Le DNR3 décrit la diminution d’une thérapie en cours. Dans les maisons de repos, entre autres, ils utilisent plus souvent un code A, B ou C, dans le cadre de la planification anticipée des soins ou advance care planning (ACP).
En tant qu’ambulancier comment gérer les codes DNR?
Le respect des codes DNR pendant le transport des patients est une question délicate et complexe. Néanmoins, Inge Bossuyt considère que certaines bonnes pratiques peuvent constituer une bonne boussole. Avec ces conseils, vous pouvez transporter un patient ayant un code DNR avec plus de sérénité et de confiance.
- Demandez une confirmation écrite du code DNR en vigueur, datée du jour du transport. Vérifiez également si la famille en est informée. Si ce n’est pas le cas, demandez au prestataire de soins de communiquer à ce sujet avant d’emmener le patient.
- Si un patient décède en cours de route et que tout se déroule dans la sérénité et le calme, y compris éventuellement en présence de la famille, alors le trajet peut se poursuivre. À l’arrivée à la maison ou dans un autre lieu, demandez à un médecin généraliste de constater le décès.
- Si le patient devient moins confortable en cours de route, n’hésitez pas à appeler le 112 pour demander l’assistance d’une équipe PIT ou SMUR. Tout le monde a le droit de mourir dans des conditions confortables, dans un établissement de soins, à la maison ou en cours de route.
Des codes DNR actuels doivent prendre la declaration de dernières volontés comme fil conducteur
Un code DNR peut impliquer des procédures médicales différentes dans l’hôpital A et dans l’hôpital B. En outre, l’état du patient évolue en permanence, le code DNR doit donc être régulièrement revu. Et quelle est la base juridique à prendre en compte ? « Il subsiste malheureusement encore beaucoup d’ambiguïté », explique Tom Goffin, professeur de droit de la santé à l’Université de Gand et président de la Commission fédérale « Droits du patient ».
La politique spécifique et surtout la qualité de cette dernière déterminent si un ambulancier (tant lors d’un transport urgent que non urgent de patients) peut se baser sur un code DNR en vigueur dans l’institution dans laquelle il va chercher le patient. « Une politique de non-réanimation de qualité est axée sur le patient individuel, met à jour les codes applicables suffisamment fréquemment et tient compte de l’état médical actuel du patient », dit professeur de droit de la santé, Tom Goffin. « Par manque de temps, une évaluation actualisée des codes DNR manque malheureusement souvent. Cela ne fait que compliquer la tâche des ambulanciers lors d’un transport. Vous ne pouvez pas aveuglément vous fier au DNR. Si vous disposez d’un code clair et actuel, vous pouvez vous y fier. S’il n’existe pas de politique DNR de qualité dans l’établissement, alors, cela pose bien un problème. »
Selon le professeur Goffin, il y a une responsabilité partagée entre l’établissement de soins et le transporteur des patients. Comment gérer au mieux cette situation en tant qu’ ambulancier ? « En cas de doute, vous devez réagir si l’état du patient se détériore », indique Tom. « En commençant la réanimation et en demandant l’assistance du service 112, le cas échéant, vous remplissez votre devoir. Si vous ne le faites pas et qu’il n’existe pas de code DNR actuel et clair, alors vous risquez d’être considéré comme négligent. Il est préférable de prendre les mesures médicales nécessaires pour sauver le patient. S’il s’avère par la suite qu’il existait une déclaration de volonté, alors l’urgence de la situation justifie les interventions de l’ambulancier. Il est logique qu’à un tel moment vous ne cherchiez pas d’abord à savoir si le patient a fait une declaration anticipée negative à ce propos. Une declaration de volonté, contrairement à un code DNR, reste d’actualité tant que le patient n’y apporte pas lui-même des modifications. »
« En tant que maillon dans la chaîne de soins, nous voulons respecter les souhaits du patient sans nous mettre nous-mêmes en difficulté. »
La nécessité d’un cadre claire
Les codes DNR ont été introduits il y a longtemps en tant que solution pragmatique dans les établissements de soins. Il s’agissait souvent d’une décision du moment et en l’absence d’un cadre clair, chaque établissement de soins de santé élaborait sa propre politique. Ainsi, un même code (0 à 5) ne permet pas et n’exclut pas les mêmes actions médicales partout. « C’est un problème, surtout pour ceux qui transportent ces patients », reconnaît Tom Goffin. « Pour rendre les choses encore plus complexes, certains travaillent avec des codes A, B et C. Il est donc fréquent que la signification exacte d’un code ne soit pas claire. Parfois, il est pour cette raison préférable de s’en remettre au jugement médical le plus récent, à l’évaluation du patient spécifique par le médecin. La qualité de la politique DNR bénéficierait d’un cadre juridique, mais ce n’est malheureusement pour le moment pas en cours d’élaboration. Pour également garantir la continuité, la combinaison du dernier jugement médical et de la disposition de déclaration de volonté du patient doit également rentrer dans le cadre d’un planification anticipée des soins. »Il est en tout cas évident qu’une certaine uniformisation serait bénéfique. Kenneth Arkesteyn : « Si les hôpitaux ne sont toujours pas d’accord entre eux sur le contenu de leurs codes DNR, il sera très difficile pour nos membres d’agir correctement en cas d’urgence en cours de route. Cette situation appelle à un débat ouvert et à une feuille de route autour de la qualité des soins et d’une communication transparente à ce propos. Le transport des patients est un maillon essential de la chaîne de soins. Nous souhaitons également offrir de la qualité, notamment en respectant les souhaits du patient, mais cela ne doit bien sûr pas nous mettre en difficulté nous-mêmes. »
« La qualité de la politique DNR tirerait profit d’un cadre juridique, mais ce n’est malheureusement pour le moment pas en cours d’élaboration. »
Actions
Les codes DNR et la politique qui les accompagne ont été élaborés de manière ascendante au départ du terrain. Les établissements de soins de santé ont mis en place ce système en partant des meilleures intentions pour leurs patients. Une approche descendante semble être le moyen le plus adéquat et le plus rapide pour harmoniser les choses, tout en gardant à l’esprit l’objectif commun de tous ces établissements de soins : des soins de qualité pour le patient. Tom Goffin considère qu’il y a quatre étapes essentielles pour aboutir à une politique DNR assumée, réalisable et uniforme. « À mon avis, de tels exercices doivent commencer par une cartographie des politiques dans les différents établissements de soins de santé. Cela permet d’identifier les similitudes et les différences. Par la suite, une liste des bonnes pratiques peut être dressée pour former un fil conducteur pour une bonne politique DNR. Pour terminer par la mise en oeuvre de ce cadre dans les établissements de soins de santé. Si nous voulons travailler sur ce sujet, nous devons partir de cas concrets. »
Cependant, il n’est pas simple de faire bouger les choses dans cette zone grise. La fragmentation politique et la frontière linguistique ajoutent à la complexité. Néanmoins, la question mérite une attention suffisante, estime Kenneth Arkesteyn. « Il ne s’agit pas d’un grand nombre de patients et de trajets, mais ces personnes se trouvent dans des situations extrêmement difficiles. Le respect du choix de ces patients est donc essentiel pour la qualité des soins que chacun d’entre eux mérite. Pour les ambulanciers, il est donc important d’avoir une bonne compréhension des souhaits du patient et de voir comment cela a été pris en compte dans un établissement de soins. Si Belgambu peut jouer un rôle en rassemblant les organisations faîtières des hôpitaux et le monde académique autour de cette question, alors nous assumerons volontiers cette responsabilité. Le patient est gagnant lorsque notre secteur gagne en clarté. »
L’entrepreneuriat dans le secteur des soins : une zone de tension complexe
Peut-on concilier l’entrepreneuriat et les soins ? L’UNIZO en Flandre et UCM en Wallonie sont persuadés que oui. C’est ainsi que le transport non urgent de patients en tant qu’activité commerciale relève du nouveau droit des sociétés, ce qui génère souvent des tensions dans le secteur des soins entre le fait d’être un entrepreneur sur le papier et l’entrepreneuriat en tant que tel.
L’entrepreneuriat indépendant dans le secteur des soins est distinct de l’exercice de la profession, mais cela implique de nombreux aspects. Sur le plan juridique et pratique. Les organisations patronales UNIZO et UCM fournissent des conseils. « Les prestataires de soins travaillent par engagement et non par recherche de profit », explique Danny Van Assche, directeur général d’UNIZO. « Le secteur des soins compte de nombreux experts de haut niveau dans leurs domaines, mais ce ne sont pas des comptables, des avocats ou des responsables des ressources humaines. Nous fournissons les conseils et le soutien nécessaires. »
Entreprendre, c’est aussi gagner de l’argent, quelle que soit la conviction avec laquelle vous travaillez. « Que vous soyez ambulancier ou charpentier, votre profession est votre engagement et votre gagne-pain, et ces deux aspects peuvent parfaitement aller de pair », déclare Danny. « Employer des personnes est synonyme de responsabilité. Il faut générer des revenus et prendre des marges pour payer les salaires et faire des investissements. » Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM, voit également les choses de cette manière. « Chaque entrepreneur mise sur l’innovation, la flexibilité, la diversité et l’agilité. C’est dans leur ADN, même dans les soins de santé. Tout comme la recherche de l’efficacité. Ce secteur exigeant comporte des thèmes très spécifiques et difficiles. Il est normal d’avoir l’esprit d’entreprise et de chercher comment supporter les investissements, par exemple en augmentant la taille de l’entreprise. » UNIZO met toutefois en garde contre le risque de perdre de vue la qualité des soins : « S’il n’y a plus de place dans les soins de santé pour s’engager de manière entrepreneuriale, la qualité et la proximité des soins et du personnel soignant disparaîtront. »
Peur des marchés publics
Dans l’ensemble, l’économie belge souffre d’une inégalité de traitement entre les PME et les grands acteurs internationaux. Là aussi, UNIZO et UCM sont sur la même longueur d’onde. « Nous sommes le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de PME et pourtant nous sommes à l’avant-dernière place dans l’attribution des marchés publics aux PME », déclare Danny. « L’accent est trop souvent mis sur le prix. Mais il existe d’autres critères, tels que la proximité de la PME, la division en lots, la qualité de l’intervention, etc. que les institutions publiques peuvent prendre en compte dans les appels d’offres. »
« Vous devez avant tout simplifier », lui répond Caroline. « La difficulté des marchés publics est sans précédent et cela se traduit par une peur du secteur public. En fait, il arrive souvent que les entreprises ne sachent même pas qu’un appel d’offres est en cours. C’est pourquoi nous avons déjà élaboré certaines initiatives avec UNIZO pour informer et former les entrepreneurs. Si vous refusez une entreprise particulière en tant qu’administration publique, expliquez pourquoi. Cela améliore la qualité. La transparence est le mot clé. »
Complexité administrative
Un autre point sur lequel UNIZO et l’UCM sont d’accord : le grand besoin de simplification administrative. Un chef d’entreprise doit souvent faire face, seul aux nombreuses formalités administratives. « Nous continuerons à soulever ce sujet. La simplification est toujours un objectif. Aujourd’hui, les entrepreneurs s’intéressent davantage aux aspects secondaires qu’à l’essentiel. C’est du temps qui n’est pas consacré aux bénéficiaires de soins », explique Danny.
De plus, il existe différents niveaux de gouvernance, qui évoluent chacun à leur propre rythme et ont des besoins spécifiques. Caroline : « La coordination doit être améliorée. Nous fonctionnons à trois vitesses en Belgique. Un client est un client, et quand on se heurte à des frontières intérieures dans un petit pays comme le nôtre, ce n’est pas agréable du tout. Vous devez non seulement connaître les charges administratives inhérentes à votre profession, mais également toute la paperasse qui s’y rattache. La réduction de cette complexité rendrait nos entreprises plus agiles et la complexité sans précédent serait réduite. Partir d’une vision pragmatique de l’entreprise, utiliser la pratique plutôt que la théorie comme point de départ. »
Oser former les gens
Lors des élections de 2024, UNIZO et UCM continueront à défendre les intérêts des entrepreneurs. Ils le font en regardant vers l’avenir de manière positive et en voyant les opportunités créées par les nouveaux gouvernements, les nouveaux accords et les nouvelles dynamiques. Les deux organisations ont publié un mémorandum avec quelques points forts, qui touchent aux intérêts que Belgambu met également en avant pour ses membres. C’est ainsi qu’UNIZO et UCM ont mis sur la table la réforme fiscale reportée. « Nous ajoutons une réduction des charges et des impôts pour les entreprises. En outre, les coûts salariaux et l’évolution doivent être mieux contrôlés. De nombreuses entreprises n’ont pas encore digéré les onze pour cent d’inflation », déclare Danny. Caroline ajoute :
« Nous plaidons plutôt en faveur du droit à l’erreur. L’administration est tellement complexe que certaines choses sont parfois oubliées sans intention de fraude. Il ne faut donc pas envoyer immédiatement l’inspection à ces entrepreneurs, mais leur donner une chance de rectifier le tir. »
En ce qui concerne l’emploi, de nombreuses idées sont également sur la table. Il n’est pas facile de trouver des personnes, mais c’est nécessaire en raison de la pénurie de main-d’œuvre sans précédent dans le secteur des soins et de l’augmentation de la charge de soins. Cependant, il existe des possibilités d’encourager la mobilité interrégionale et intersectorielle de la main-d’œuvre, notamment par la formation. Pour UCM, il s’agit de l’enjeu le plus important des élections. « La pénurie de main-d’œuvre nécessite un plan global. Nous ne devrions pas faire de choix sélectifs dans ce domaine. Nous présentons dix propositions concrètes pour améliorer la flexibilité sur le lieu de travail », déclare Caroline. « Promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie, c’est investir dans son personnel. C’est un pari, mais c’est nécessaire et cela encourage la mobilité de la main-d’œuvre. »
En d’autres termes, travailler ensemble pour construire un secteur résilient avec des services de qualité. Il y a vraiment du travail à faire dans ce domaine. Aujourd’hui, le transport non-urgent de patients passe encore trop souvent entre les mailles du filet. « Le secteur du transport de patients est très important et on n’en parle pas assez », estime Caroline. « Pendant le covid, on vous voyait et on vous entendait, mais aujourd’hui on ne parle plus du covid, ni de vos problèmes. Pour moi, le transport de patients fait partie intégrante de la chaîne de soins. Ce transport garantit l’accès aux soins pour de nombreux patients. »
Travailler ensemble pour un monde ambulancier idéal en Belgique
L'approche de Belgambu et du Syndicat des Ambulanciers semble parfois diamétralement opposée. Pendant que Belgambu défend les services d'ambulance et les transporteurs de patients - les employeurs - le Syndicat des Ambulanciers prend la défense pour les ambulanciers (d'urgence), les employés et les bénévoles. Pourtant, beaucoup de choses les unissent. La recherche d'un secteur viable, par exemple, et surtout la priorité donnée au patient.
Dries Deschilder, président de l'Union des Ambulanciers, et Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu, se connaissent bien. « Nous avons travaillé ensemble au sein du groupe de travail qui a élaboré les qualifications professionnelles des ambulances de transport de patients non urgents, entre autres », explique Dries Deschilder. « Le fait que cette formation ait lieu est une réussite commune. Bien évidemment, il reste encore beaucoup de travail à réaliser. Les ressources financières sont souvent un casse-tête. Cette pression budgétaire est ressentie à la fois par les fournisseurs d'ambulances (d'urgence) et par les organisations de transport. »
Des cas individuels aux intérêts collectifs
Il y a quelques années, la tension se ressentait entre Belgambu et le Syndicat des Ambulanciers. Ce sont souvent des dossiers individuels qui opposaient employeurs et employés. « J'ose affirmer que nous avons réussi à élever cette tension à un niveau supérieur, pour l'ensemble du secteur », reprend Kenneth. « Ce qui est bon pour le secteur est bon pour chaque ambulancier et pour chaque organisation de transport. Au fil des années, nous avons souvent le même objectif en tête : un travail digne, une rémunération correcte et, surtout, un service de qualité pour le patient », ajoute-t-il.
D'un point de vue différent, les deux organisations professionnelles recherchent et s'efforcent de parvenir à un monde ambulancier idéal en Belgique. Dries nous indique : « Pour parvenir à une amélioration, il faut des ressources. Il faut commencer par utiliser au mieux les ressources disponibles, mais il n'y a tout simplement pas assez d'argent. » Les principales mesures à prendre ? Davantage de ressources pour les services d'ambulance, une plus grande attention au bien-être au travail, une rémunération adéquate et une formation de qualité pour chaque opérateur d'ambulance.
Priorité à la conduite
La formation à la conduite prioritaire figure notamment parmi les priorités de l'Union des Ambulanciers. « Chaque année, il y a environ 600 000 interventions avec le service 112 », explique Dries. « Cela fait de la conduite prioritaire l'un des plus grands risques du métier. Les chiffres le confirment d'ailleurs : entre 2014 et 2018, 90 accidents se sont produits avec une ambulance conduisant en priorité[1] . Lors de l'élaboration du profil de formation et de la préparation de la formation obligatoire de secouriste-ambulancier, nous avons déjà prévu un module sur la conduite prioritaire. Il s’agit d’un pas en avant si chaque ambulancier apprend les principes de la conduite prioritaire. Aujourd'hui, la situation est encore plus difficile. Vous l'apprenez souvent de votre collègue, qui peut lui-même se tromper. Nous espérons donc qu'il sera possible d'ajouter au moins une composante pratique avec des simulations, par exemple. Cela demandera moins de moyens que la conduite effective sur la route et ne comportera pas de risques. »
Belgambu se joint à la demande d'accorder encore plus d'attention à la conduite prioritaire. Cela apporterait également une valeur ajoutée à leurs membres. Selon Kenneth : « Une conduite prioritaire efficace peut éviter des blessures physiques aux employés et des dommages aux véhicules. La prévention est un investissement qui porte ses fruits et auquel nous croyons. Toutefois, encore une fois, nous avons besoin de ressources pour la mettre en œuvre. »
Professionnalisation du secteur
Un autre point qui ne fait pas débat : tous les ambulanciers devraient recevoir le même salaire, quel que soit leur statut professionnel. Aujourd'hui, en raison des différents systèmes de financement et de rémunération, certains reçoivent beaucoup plus que d'autres. Pourtant, ils ont reçu la même formation et font le même travail. « En toute logique, ils devraient donc avoir les mêmes conditions de travail », estime Dries. « Évidemment, il n'est pas facile d'agir en ce sens. Avec des ressources supplémentaires, nous pouvons progressivement corriger cette inégalité et construire une base plus solide avec des professionnels. Complétée par des volontaires, car les secouristes-ambulanciers volontaires restent également importants dans cette histoire. Seulement, aujourd'hui, ils doivent trop souvent servir de base au lieu d'être des aides bienvenues. »
Kenneth souligne que les services d'ambulance aimeraient mieux rémunérer les ambulanciers, cependant, il fait remarquer que la clé de l'amélioration de leur statut professionnel est principalement liée à des aspects financiers. Il souligne qu'une contribution financière supplémentaire pour réaliser cette étape mènera inévitablement à des changements dans les taux de transport de patients non urgents ou à des ajustements supplémentaires des subventions pour l'assistance médicale urgente. « Ce faisant, nous ouvrons la voie à un statut uniforme pour tous les prestataires d'ambulances, à savoir les hôpitaux, appliquant les barèmes de l'IFIC. »
Les conditions de travail ne se limitent évidemment pas à une rémunération correcte. Il faut également veiller à des temps de repos suffisants, au bien-être au travail, à l'accompagnement et à l'assistance en cas d'agression ou d'interventions lourdes, etc. « C'est ainsi que nous motivons et gardons les gens motivés pour ce beau métier », reconnaissent Kenneth et Dries.
[1] Chiffres en 2019 demandés au Parlement Flamand par Lode Ceyssens.
« L'ambulancier d'urgence est le précurseur des soins intégrés »
Frank Vandenbroucke est ministre des Affaires sociales et de la Santé publique depuis 2020. Au cours de ces quatre années au pouvoir, des mesures importantes ont été prises, tant sur le plan financier pour le secteur de l'Aide Médicale d'Urgence (AMU), que pour garantir et augmenter la qualité pour les soignants et les demandeurs de soins. Sa motivation ? « Les soins de santé sont importants et les soins urgents en font partie intégrante. »
La qualité des soins est souvent sous-estimée, estime le ministre Vandenbroucke. Des signaux inquiétants remontent du terrain : la qualité n'est pas toujours garantie, les services sont en difficulté financière et la gestion du personnel est parfois hallucinante. « Notre ambition est d'offrir une qualité supérieure à tous. Si vous voulez offrir de bons soins de santé, vous devez également veiller à ce que votre personnel de santé soit bien traité. Or, c'est là que les choses se dégradent dans le domaine de la médecine d'urgence. Un changement radical s'impose », a déclaré le ministre Vandenbroucke. « De ce fait pourquoi j'ai obtenu, lors des négociations budgétaires de l'année dernière, que le financement de ce domaine soit plus que triplé en trois ans. À partir de 2025, l'enveloppe annuelle sera de 239 millions d'euros. En 2022, elle était de 77 millions d'euros. Cette mesure est sans précédent, et elle est tout à fait nécessaire. »
Qualité et organisation
Cet investissement supplémentaire est conséquent et nécessaire. Toutefois le gouvernement fédéral ne le fait pas sans obligation. Davantage de moyens devrait se traduire par davantage de qualité, une approche ciblée et une bonne répartition de l'aide urgente sur l'ensemble du territoire. « Ce refinancement est un plan de sauvetage financier lié, d'une part, à des exigences de qualité en matière de prestation de services et, d'autre part, à une réforme en profondeur », explique le ministre. « Pour assurer la qualité, nous voulons travailler sur une décision de certification des services ambulanciers de l'AMU. Cela nécessitera un cadre basé sur des exigences en matière de reconnaissance. Nous travaillerons avec des indicateurs autour de la structure des services, de leur fonctionnement, des résultats que nous attendons, etc. Nous travaillons également sur un mécanisme de contrôle afin que la qualité des différents acteurs s'améliore. La réforme en profondeur se situe au niveau de la programmation des services, de la réglementation, du financement et du déploiement de l'Équipe d'Intervention Préhospitalière (EIP). »
Le ministre Vandenbroucke a également exprimé son respect pour la fonction des ambulanciers d'urgence. « J'ai déjà eu l'occasion de les accompagner et j'ai été touché par leur engagement, leur service et leur professionnalisme dans des circonstances souvent difficiles et imprévisibles. Ils sont en contact avec les gens à un moment où ils sont vulnérables et désemparés. La profession est le précurseur de ce que nous envisageons avec les soins intégrés. Ils constituent une antenne essentielle pour travailler avec les hôpitaux, les médecins, les infirmières, les zones d'urgence, les centres 112, la police, le patient, les passants et la famille inquiète. Leur rôle multiforme est important et ce plan de sauvetage financier peut les renforcer. »
Répartition des pouvoirs
Il faut penser à long terme, même en médecine d'urgence. La mise en œuvre de ce programme de sauvetage d'ici à 2025 est un grand pas. Cela ne signifie pas pour autant que tous les problèmes seront résolus. « Je veux donner à l'Aide Médicale Urgente une place bien définie et appropriée dans le paysage des soins de santé. Et ce, également en ce qui concerne les tâches confiées aujourd'hui aux États Fédérés. Je vois des possibilités de conclure de meilleurs accords avec ceux-ci, et nous le ferons également lors de la conférence interministérielle, au moyen d'un protocole de coopération sur les transports intermédiaires. En transformant les ambulances qui assurent normalement le transport non urgent de patients en transport de patients urgents, vous renforcez votre capacité et vos possibilités d'extension. »
Un autre exemple où le ministre Vandenbroucke estime que la coopération entre les États est possible est la discussion, qui n'est pas si facile, sur l'organisation des cabinets de médecins généralistes en dehors des heures de travail : « Nous prévoyons un investissement important pour que l'organisation puisse s'étendre. Concrètement, nous passons de 23 millions d'euros en 2019 à 70 millions d'euros en 2025. » La demande de Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu, d'un dispatching médical unique pour le 112, le 1733 et le transport non urgent de patients, s'inscrit dans ce contexte. C'est un exemple de complémentarité au bénéfice du patient. Et le ministre y tient. « Avec ces ressources supplémentaires, je veux déployer le 1733 en complément du 112. Les citoyens pourront ainsi contacter le 1733 s'ils pensent avoir besoin d'un médecin généraliste. Si le service d'appui juge qu'une aide urgente est nécessaire, le 112 pourra être envoyé et vice versa. L'extension de cette intégration aux transports urgent et non urgent de patients crée une valeur ajoutée supplémentaire. De cette manière, chaque demandeur de soins est soigné et, avec le temps, vous créez une coopération parfaite entre les services. Cette coopération est importante pour les citoyens, mais également pour la santé publique et les prestataires de soins de santé. Des efforts importants sont encore nécessaires pour y parvenir. Au cours des deux prochaines années, de nombreux travaux sont prévus pour préparer un paysage des soins de santé qui sera considérablement amélioré vers 2029. »
Préparer le paysage des soins de santé
Depuis la sixième réforme de l'État, le transport médical est extrêmement fragmenté entre différents pouvoirs. « Cela signifie que je dois ramer avec les rames dont je dispose, même si elles sont parfois étroitement liées les unes aux autres. Le secteur de la santé psychiatrique est confronté à des problèmes similaires à cet égard. En travaillant ensemble au-delà des partis, des juridictions et des États, je veux faire le meilleur choix possible pour les citoyens. Pour ce faire, nous devons relever certains défis à court terme. Tout d'abord, il y a le coût. Le transport non urgent de patients coûte de l'argent. Il s'agit d'une responsabilité flamande, et mes pouvoirs sont limités à cet égard. Ce que j'ai pu faire, c'est indexer l'allocation fédérale pour les patients atteints de cancer et de maladies rénales. Cela n'avait pas été fait depuis des décennies. Deuxièmement, je travaille à une solution pour les transports interhospitaliers coûteux. À partir de 2024, cela devrait coûter moins cher aux patients. Un montant de 13,5 millions d'euros a été débloqué à cet effet. Enfin, je veux continuer à soutenir les réseaux d'hôpitaux avec une EIP pour le transport interhospitalier. Ces trois étapes intermédiaires devraient conduire à la perspective plus large d'une Aide Médicale Urgente de qualité, toujours prête et professionnelle, dans un paysage intégré du transport médical où les tâches sont clairement réparties et où les considérations financières ne poussent pas les patients à passer d'une solution à l'autre. »
Le ministre Vandenbroucke conclut : « Pour moi, la santé publique passe avant tout. De ce fait, nous continuons à financer des choses qui appartiennent en réalité aux États Fédéraux. Nous ne devons pas abandonner les acteurs sur le terrain. Cela ne veut pas dire que les Étants ne doivent pas prendre leurs responsabilités et faire leur travail. Il s'agit du financement et du coût des transports non urgents de patients, mais également de la formation. Au niveau fédéral, nous contribuons en réfléchissant à la définition des profils professionnels. Il existe des recommandations à ce sujet, élaborées notamment par le Conseil Fédéral de l'Aide Médicale Urgente. Celles-ci indiquent que cinq professions préhospitalières sont nécessaires dans la loi relative à l’exercice des professions de soins de santé. Le gouvernement précédent n'avait inscrit dans la loi que le métier d'ambulancier pour le transport non urgent de patients comme profession paramédicale. Actuellement, ce n'est pas une priorité. Même si cet avis de 2017 soit très précieux. Nous devons donc continuer à travailler sur ce point au niveau fédéral et j'espère que les États commenceront ensuite à travailler sur l'aspect de la formation et de l'éducation. »
Un transport de patients de qualité, maillon essentiel de la chaîne de soins
Lors de la crise du COVID-19, Dirk Ramaekers a dirigé le groupe de travail sur la vaccination. À partir du 1er octobre 2022 il a présidé le comité exécutif du SPF Santé publique. Fort de son expertise en matière de politique de santé et de qualité des soins, il est la personne adéquate pour encadrer les évolutions actuelles et sa vision réfléchie sur le transport des patients. Avec une politique de qualité transparente au premier plan, soutenue par une formation solide.
La pandémie de COVID-19 a été riche d’enseignements pour notre société. Une mortalité élevée et une pression sans précédent sur le secteur des soins de santé constituent les points négatifs du bilan. Mais il y a aussi des points positifs. « La Belgique, comme le reste de l’Europe, n’était pas prête à affronter la covid, mais elle a montré qu’une bonne coopération entre le niveau fédéral et les régions était la clé du succès », déclare le Prof. Dr. Dirk Ramaekers. « Avec le Commissariat Corona, dirigé par Pedro Facon, ainsi que la gestion de crise et l’aide médicale d’urgence au sein du SPF, nous avons rassemblé beaucoup d’expertise et la coopération avec les autorités régionales s’est généralement très bien déroulée. La prise de décision politique s’est faite sur deux niveaux. D’une part, le comité de consultation des chefs de gouvernement et, d’autre part, la conférence interministérielle sur la santé publique. Huit ministres y siègent, ce qui donne lieu à une structure complexe, à des débats plus importants et à des discussions plus longues. Au cours de la covid, l’essence de cette crise sanitaire était au premier plan et les ministres se sont rapprochés les uns des autres. Plus encore, ils se sont complétés pour parvenir à une décision équilibrée. Cette situation a créé un climat de confiance. Je travaille toujours de manière plutôt rationnelle et sur la base d’éléments concrets, mais la confiance est la base d’une bonne coopération. Au niveau national, européen et mondial. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé, la confiance est un paramètre crucial pour un système de santé performant.
Abordabilité vs. accessibilité
Selon Dirk Ramaekers, les soins de santé et la politique doivent rester sur la même longueur d’onde. « D’un point de vue politique, l’accessibilité financière des soins de santé restera un défi. Les soins de santé représentent près de 11 pour cent de notre produit national brut. La sécurité sociale couvre la plupart des coûts, mais il existe aussi des assurances complémentaires, copaiements et des suppléments, ce qui indique que le paquet de base est sous pression », explique-t-il. « On peut se demander si certaines interventions chirurgicales, les produits de luxe lors d’une visite à l’hôpital, etc. devraient faire partie de ce paquet. Le fait est qu’il existe une tension entre le caractère abordable et l’accessibilité des soins. »
En ce qui concerne le caractère abordable et l’accessibilité, nous passons sans transition au secteur et à la question du transport des patients. Selon Dirk Ramaekers, il s’agit d’un monde fascinant et passionnant dans lequel beaucoup de choses bougent. « Je vois beaucoup de gens motivés, avec un esprit d’entreprise qu’il faut laisser grandir. Mais cela doit se faire dans le respect des règles de qualité et de contenu qui s’appliquent aux soins de santé. Le secteur du transport de patients n’est pas encore suffisamment autorégulé. Il faut tenir compte des intérêts des patients, d’une part, et de la viabilité de l’entreprise, d’autre part. Et puis, il y a la question des coûts. De quoi alimenter de longs débats. Les délocalisations vers et depuis les établissements de soins de santé sont tout simplement nécessaires. Cette situation ne changera pas de sitôt et va même se renforcer. »
Stimuler la recherche
Belgambu préconise depuis longtemps de considérer le transport des patients comme un maillon à part entière de la chaîne des soins de santé et comme une valeur ajoutée plutôt que comme un problème logistique. Le patient est toujours au centre de ce type de service. Dirk Ramaekers partage cet avis : « On peut toujours tomber malade ou être victime d’un accident. Mais je suis convaincu que pour garantir un service de qualité, une bonne formation et une formation continuelle des ambulanciers sont nécessaires. Pour moi, ce n’est pas le niveau de formation qui est le plus important, mais le fait de pouvoir évaluer correctement l’état d’un patient et de savoir quels sont les principes de base que l’on peut ou pas appliquer. Vous faites de grands progrès en matière de formation. Cela prouve que la persévérance l’emporte. La qualité n’est pas un mot à la mode, mais quelque chose qu’il faut rendre concret et mesurer. Et une politique de qualité exige une certaine systématique. Je constate par exemple que le travail fondé sur des données probantes gagne du terrain dans presque tous les secteurs, y compris celui du transport de patients. Nous pouvons, en effet, mettre en place des formations, mais que va-t-on enseigner aux participants ? La recherche sur les soins préhospitaliers en est encore à ses débuts, il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche. »
Cependant, de nombreuses données sont disponibles, notamment en ce qui concerne le centre 112 et le transport non urgent de patients. Une bonne base de travail. « Selon la littérature, le délai critique pour intervenir en cas d’arrêt cardiaque est de cinq à dix minutes. Nous savons, grâce aux données et à la pratique, qu’un délai de 15 minutes ou plus est aussi encore possible. L’amélioration de la chaîne de soins nécessite davantage de recherche sur la façon de procéder. Le triage a longtemps été un point aveugle, alors qu’il s’agit d’une profession à part entière, qui requiert formation et expérience. Il suffit de penser à l’utilisation inappropriée des services d’urgence. C’est une bonne chose de pouvoir se rendre facilement aux urgences, mais cette situation entraine un risque de surcharge : les soins urgents se retrouvent délaissés. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’aide au patient et le bien-être du personnel, ainsi que de fournir les soins appropriés au bon endroit. Cette situation nous amène à la question de la capacité et à celle de savoir si chaque hôpital a encore besoin d’un service d’urgence spécialisé, capable de tout faire. L’évolution vers des centres de traumatologie pourrait partiellement apporter une solution à ce problème. »
Tendances actuelles
Aujourd’hui – en partie à cause du conflit en Ukraine – l’accent est mis sur une mise à jour d’une bonne politique CBRN (un incident CBRN est une situation d’urgence impliquant la libération de substances chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires) et sur la préparation correspondante. Le SPF Santé publique, le centre national de crise, la défense, l’AFCN, etc. travaillent ensemble à cet effet. De fait, si une telle catastrophe survient, le système doit agir immédiatement et les centres experts d’accueil et de décontamination doivent être prêts. Il en va de même pour les centres de secours.
Cette situation rappelle le premier patient covid dont le transport a suivi le protocole Ebola. « Pour la covid, il s’est passé beaucoup de temps avant que quelque chose de grave ne se produise. Nous nous sentions en sécurité et nous étions loin d’imaginer que quelque chose de grave pouvait se produire », explique Dirk. « Nous nous sommes vite retrouvés débordés et nous avons constaté que le secteur des soins de santé n’était pas prêt dans ce domaine. Ce processus d’apprentissage implique de nombreux domaines d’amélioration, qui sont aujourd’hui abordés. Nous devons désormais conserver certains principes. Comme les équipements de protection individuelle, qui doivent être tenus à jour et utilisés par exemple en cas des infections pour se protéger et prévenir la transmission. Il en va de même pour l’hygiène des mains. La qualité de base n’est ni complexe ni difficile lorsqu’elle est liée à un système de qualité avec des audits et un retour d’information, ainsi qu’à une culture d’approche et de coaching. L’importance de l’approche no blame doit être au cœur de cette démarche. Nous sommes humains et il nous arrive donc d’oublier des choses. Mais prenez le temps de vous asseoir ensemble pour discuter des bonnes pratiques. Les pratiques fondées sur des données probantes et la qualité sont l’essence même du travail d’équipe.
Une chaîne de soins étendue et solidaire
Pour Dirk Ramaekers, le contenu de la formation et une politique de qualité transparente sont plus importants que le nombre d’heures de formation données à une personne. Cette attitude critique et ouverte est déjà partiellement présente dans le secteur des soins de santé, mais la discussion doit être éloignée de la sphère financière et économique. « Il faut parfois ouvrir le débat, l’élargir et l’aborder sous un angle différent. Dans ce contexte, des efforts distincts sont déployés pour créer des ressources financières supplémentaires pour l’aide urgente ainsi que pour le transport de patients. Aujourd’hui et demain », explique-t-il. « Les investissements nécessaires doivent être réalisés sur une base raisonnée. Les divergences entre les secteurs s’aplanissent donc progressivement. Ce qui apporte un nouveau souffle au personnel qui veut faire bouger les choses. En ce qui me concerne, la distinction entre le transport urgent et non urgent de patients est quelque peu virtuelle. Les soins doivent se renforcer mutuellement. Il devrait y avoir de meilleurs échanges entre les soins urgents et les soins préhospitaliers, mais aussi une meilleure vision de la direction que nous souhaitons donner au secteur. Étant donné qu’il y a de petits acteurs et des organisations plus importantes, l’expansion est-elle peut-être appropriée et rentable ? Vous êtes un élément essentiel de la chaîne des soins de santé. Il est difficile de quantifier ces éléments, mais je vois certainement des opportunités au vu des indicateurs de qualité et de la satisfaction des patients. Et, bien sûr, une concertation professionnelle. Dans notre système de cogestion, ça fait bouger les choses. »
La Belgique continue d'innover avec la plate-forme de communication ASTRID
À la fin des années 1990, le centre d’urgence belge disposait d’une solution complète avec ASTRID : des appels d’urgence aux communications radio entre les secouristes sur le terrain. Un cas unique au monde. Depuis lors, ASTRID a servi de modèle à de nombreux autres pays pour cette solution intégrée. En continuant à innover le réseau radio et les deux types de centres d’appels d’urgence (101 & 112), ASTRID vise à continuer à répondre aux attentes des utilisateurs et à l’évolution technologique. Entretien avec le CEO Salvator Vella.
« En tant que petit pays, nous avons réalisé des choses impressionnantes il y a vingt ans », déclare Salvator Vella. « Cette idée originale de regrouper la gestion des salles de contrôle et le système de communication radio des services d’urgence et de sécurité sous un même toit a inspiré d’autres pays du monde entier. Pas plus tard qu’en 2021, le deuxième plus grand aéroport de Chine (Chengdu Tianfu International Airport) a lancé son nouveau centre de contrôle avec un réseau TETRA basé sur la même idée que celle lancée par ASTRID il y a plus de 20 ans. Nous pouvons être fiers de ce travail de pionnier et nous souhaitons conserver ce statut de précurseur. C’est pourquoi nous continuerons à innover dans les années à venir. En effet, beaucoup de choses ont changé au cours des dernières décennies, tant dans la salle de contrôle que sur le terrain. »
Alors que lors du lancement d’ASTRID, l’accent était mis sur la communication vocale, la richesse des données est le défi de l’information de l’avenir. La communication vocale ne disparaîtra pas, mais d’autres flux de données ajouteront une grande valeur à la communication d’urgence. Vella ajoute : « Je pense aux dispositifs portables, à la vidéo, à la photo, aux drones, aux visualisations sur le terrain, etc.. Ils renforceront vraiment l’échange d’informations entre le poste de commandement, l’hôpital et/ou l’ambulance, entre autres. Des paramètres de transmission pour un dossier à jour à l’arrivée à l’hôpital ? Ce n’est pas si loin qu’on le pense. Même s’il faut pour cela revoir toute la chaîne d’information. Le passage de TETRA à la 5G est crucial pour les services d’urgence et de sécurité. Le plan d’investissement est prêt. Il n’attend plus que le feu vert des politiques. Nous sommes donc loin d’être inactifs. »
Une communication fiable en temps de crise
Les inondations de juillet 2021 ont une nouvelle fois démontré qu’après deux décennies, ASTRID est toujours un point d’ancrage là où les communications sont compliquées ailleurs. De nombreux endroits ont été frappés par des pannes d’électricité et le réseau commercial n’était pas disponible. Heureusement, ASTRID s’appuie sur son propre réseau de 600 pylônes. Ceux-ci, grâce à leurs batteries puissantes, ont au moins 8 heures d’autonomie en cas de coupure de courant, voire 24 heures dans les endroits cruciaux. L’ASTRID Service Centre (ASC) est accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et dispose d’un réseau de sous-traitants qui fournissent des générateurs dans un délai convenu. « Le rôle de l’ASC ne s’arrête pas là », souligne le CEO. « En situation de crise, l’ASC a un accès direct à la direction et aux personnes clés de l’organisation pour prendre en charge la communication de crise, par exemple la communication et le statut des principales parties prenantes sur le terrain. Tout est mis en œuvre pour que les experts et les techniciens puissent travailler de manière optimale. L’objectif d’ASTRID est de maintenir à tout moment la disponibilité des services d’urgence et de sécurité, même dans des conditions extrêmes, tant sur le plan de l’infrastructure que de l’organisation ».
Pour se connecter au réseau robuste, les secouristes disposent de leur propre carte SIM Blue Light Mobile. Sur l’infrastructure du réseau Proximus, ils sont prioritaires, si nécessaire, et ont la possibilité d’utiliser cette carte SIM pour accéder manuellement aux autres opérateurs télécoms belges afin d’assurer la communication à tout moment. Lorsque des clients sont « refusés » pour assurer une bande passante aux secouristes, on parle de préemption. Dans des situations extrêmes, comme les attentats de Bruxelles, même les utilisateurs ordinaires peuvent être complètement exclus du pylône afin de libérer de l’espace pour les services d’urgence et de sécurité. « Aujourd’hui, environ 12 000 utilisateurs disposent d’une telle carte SIM Blue Light Mobile », explique Vella. « Il s’agit notamment des forces de police, des services ambulanciers, mais aussi des gestionnaires de crise tels que les ministres, les gouverneurs provinciaux, les juges d’instruction, etc. ». Une belle illustration du sens de l’innovation d’ASTRID et de sa vision réfléchie de l’avenir.
Une approche unique pour la 5G
Avec le passage à la 5G, ASTRID se montre une fois de plus comme une organisation avant-gardiste. D’autres pays, comme le Royaume-Uni et la France, fonctionnent entièrement sur une infrastructure commerciale. ASTRID dispose de son propre réseau comme d’un atout et s’appuie fermement sur celui-ci. « Nous croyons en la puissance de la 5G pour le partage de données riches », déclare Vella. « Avec l’application 112 que nous avons co-développée, nous offrons déjà de nombreuses possibilités. Par exemple, la salle de contrôle reçoit une localisation exacte de l’incident, l’utilisateur peut discuter, indiquer s’il est sourd, etc.. En collaboration avec la police, une alerte de harcèlement est même disponible pour les victimes via bluetooth. Mais la nouvelle technologie offre des possibilités indéniables d’améliorer encore les interventions d’urgence. Permettre au citoyen qui lance un appel d’urgence d’envoyer une photo à la salle de contrôle peut ainsi constituer une étape importante. »
Quel est l’avenir d’ASTRID dans un monde de 5G ? « Nous devons évoluer vers une salle de contrôle modulaire, avec une plateforme qui intègre des modules développés par des tiers. Interpréter une image avec l’IA ? Ce sera bientôt possible si cela dépend de nous. Il s’agit d’un squelette avec des capacités plug-and-play. Nous souhaitons donner forme à cette philosophie informatique moderne dans les années à venir, afin que chaque soignant tire le meilleur parti de notre plateforme et gère lui-même ses données. ASTRID est une bouée de sauvetage pour les services d’urgence et de sécurité, et nous souhaitons continuer à jouer ce rôle à l’avenir.
« Un événement est un lieu de catastrophe où la catastrophe n'a pas encore eu lieu »
Le médecin urgentiste responsable de l’assistance à l’événement
La demande de secourisme événementiel augmente. Pour une organisation efficace et qualitative, il est nécessaire de disposer d’un cadre législatif clair. « Une qualification professionnelle est désormais en place. Nous nous efforçons à présent de créer une profession de soins pour les secouristes », souligne Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. À cet égard, le point de vue et l’expérience d’un médecin urgentiste valent leur pesant d’or.
Le secourisme événementiel et la médecine d’urgence partagent des points communs évidents. Tant sur le terrain, où les organisateurs demandent souvent à un médecin urgentiste de diriger volontairement le dispositif médical, que dans les services d’urgence des hôpitaux voisins. Dans ces services d’urgence très sollicités, les événements peuvent augmenter l’afflux de patients et la gravité des soins. « C’est pourquoi nous devons être vigilants quant à la qualité des soins d’urgence pour tous et partout. Lors d’un grand événement, un habitant situé à deux rues de l’hôpital peut tout aussi bien avoir besoin de soins urgents. Il mérite lui aussi des soins appropriés. » La parole est au Dr Michiel Stiers, médecin urgentiste en formation, attaché à la KU Leuven, avec un engagement majeur au sein de BeCEP, l’association professionnelle belge des médecins urgentistes. « Le secourisme événementiel est l’extension de nos connaissances médicales et de nos tâches de gestion, tant aux urgences qu’en pré-hospitalier avec le MUG ou en cas de catastrophe. La nouvelle qualification et formation des médecins urgentistes fait que nous, jeunes médecins, sommes surqualifiés pour les événements. Sans cadre réglementaire, il n’est pas possible d’organiser ce secourisme événementiel de manière sûre et efficace. Aujourd’hui, il y a donc trop de prestataires, certains insuffisamment qualifiés, et le patient risque de recevoir une aide inadaptée ».
Mise à jour urgente de PRIMA
Cependant, un travail de fond a déjà été réalisé en Belgique. Le SPF Santé publique donne déjà des conseils sur les besoins d’un poste de secours médical adapté à l’événement par le biais du questionnaire PRIMA (Plan Risques et Manifestation). L’analyse de risque initiale et l’émergence de PRIMA sont aujourd’hui dépassées. Entre autres, elle ne tient pas compte de l’émergence et de l’expertise de la discipline de la médecine d’urgence. Cette évolution vers une prise en charge spécialisée et de qualité en urgence et dans l’aide médicale urgente (AMU) doit se poursuivre en secourisme événementiel. « La discipline de la médecine d’urgence a certainement une valeur ajoutée lors d’événements majeurs », estime le Prof Dr Pascal Vanelderen, président de BeCEP. « Toutefois, nous devons veiller à ne pas nous surréglementer. Nous contribuons à un cadre clair pour l’organisation du secourisme événementiel, avec des qualifications et des rôles clairs pour les différents profils. Le mieux est de procéder par étapes, afin que nous puissions également assumer et remplir notre rôle dans le cadre de cette transition.
« La position que nous occuperons en tant que médecins urgentistes jouera un rôle essentiel à cet égard », explique le docteur Pieter Jan Van Asbroeck, médecin urgentiste et collègue du professeur Pascal Vanelderen à l’hôpital Ziekenhuis Oost-Limburg. « En tant qu’urgentistes, nous ne faisons pas la différence en nous contentant degérer la salle d’urgence, mais en fournissant les ressources adéquates et les soins appropriés. Notre force réside précisément dans notre vision globale à la fois sur le plan médical, opérationnel et de la gestion. En tant que directeur de l’assistance médicale (Dir-Med), nous pouvons évaluer correctement les besoins médicaux à tout moment. Cette vue d’ensemble nous permet de réagir rapidement et de garantir des soins de qualité. Dans des scénarios de catastrophe, en cas de traumatisme grave ou pour traiter une pathologie sévère. Si le rôle important d’un Dir-Med est assumé par des non-médecins, nous perdons cette vue d’ensemble. Cette situation est pernicieuse pour la qualité des soins. »
Vers une réglementation à gradations ?
Pour les médecins urgentistes eux-mêmes, l’enjeu principal est de placer les bons profils au bon endroit et au bon poste. Un futur cadre législatif nécessite une stratification afin de choisir la disposition appropriée en fonction du type d’événement et des facteurs de risque tels que le nombre de visiteurs, le lieu, les attentes éventuelles en termes de consommation de drogues ou de risque de calamités, etc. « Nous devons travailler sur une définition claire des rôles et des profils pour le secourisme événementiel. Il nous semble logique de placer un médecin urgentiste sur le siège du conducteur, mais encore faut-il trouver les bons candidats. Le service des urgences fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et le secourisme événementiel doit fonctionner en parallèle », déclare le professeur Vanelderen. Pascal Vanelderen.
En tant que médecin urgentiste en formation, le docteur Michiel Stiers, médecin urgentiste en formation, souhaite contribuer à la régularisation de ce secourisme événementiel. « Notre secteur est en pleine transition. Nous devons profiter de cet élan au sein du secourisme événementiel pour poursuivre cette transition.
Le plus important est et reste que le patient reçoive à tout moment les meilleurs soins et les soins les mieux appropriés, et c’est précisément pour cela qu’un cadre juridique est si crucial. »
Un état d’esprit différent
En outre, un changement de mentalité s’impose parmi les organisateurs d’événements. Alors que les budgets consacrés à la sécurité sont généreux, on s’attend souvent à ce que le secourisme événementiel soit assurée par des bénévoles. « Nos réalisations restent souvent dans l’ombre. Si quelqu’un introduit de la drogue ou si des fauteurs de troubles se déchaînent parce que la sécurité est insuffisante, les médias s’en font l’écho. Or, si quelqu’un est victime d’une crise cardiaque sur le site et que les secours viennent de l’extérieur au lieu de passer par le poste médical du site, cet incident n’apparaîtra même pas dans la marge du journal. Pourtant, des soignants qui réagissent sur place de manière appropriée lors d’un évènement peuvent faire toute la différence », souligne le Dr Pieter Jan Van Asbroeck.
« L’impact de la sécurité se remarque immédiatement, alors que nous travaillons plutôt discrètement dans les coulisses, ce qui crée une appréciation différente», ajoute le Dr Michiel Stiers. « En se concentrant sur des soins durables et viables sur place, l’événement s’inscrit parfaitement dans le paysage changeant des soins de santé. Aujourd’hui, nous parlons d’une perfusion de soins, et il est difficile de faire peser une charge supplémentaire sur le système de santé si l’on n’est pas bien guidé. Le retour sur investissement du secourisme événementiel ne se limite pas à l’achat de boissons et de nourriture par le festivalier rafistolé sur place. Il s’agit de l’assurance d’une prise en charge optimale pendant l’événement et de la préservation de cette prise en charge malgré l’événement… C’est ainsi que nous transformons le secourisme événementiel en quelque chose de positif, qui sera ensuite, espérons-le, associé aux ressources adéquates. Le médecin urgentiste est le chef d’orchestre qui fait en sorte que toutes les parties prenantes travaillent ensemble de la meilleure façon possible.
« Le transport pour dialyse fait partie des soins, il n’est pas un problème de mobilité »
Des milliers de patients dialysés doivent se rendre à l’hôpital trois fois par semaine pour leur traitement. Beaucoup d’entre eux dépendent des autres pour se déplacer et doivent donc faire appel à une organisation de transport. L’organisation de ces trajets est un défi majeur, ce qui ressort également des scores de satisfaction de ces patients concernant leur transport. «Cela peut et doit être amélioré», y consentent NBVN, GNFB, les organisations professionnelles des néphrologues, et Belgambu.
En tant qu’organisation professionnelle et défenseur des intérêts des patients, la Nederlandstalige Belgische Vereniging voor Nefrologie (le groupement des néphrologues néerlandophones de Belgique) (NBVN) a pu mieux comprendre l’expérience des patients dialysés au cours de leur parcours de soins avec le Moniteur de Patients Dialysés 2021. Il en a ressorti une bonne satisfaction générale. Cependant, les évaluations des patients concernant les temps d’attente et le transport étaient bien pires. C’est donc le bon moment afin de collaborer avec Belgambu et travailler activement sur ce point d’attention. «Ce transport est une partie importante des soins», souligne Jean-Marc Desmet, president du Groupement des Néphrologues Francophones de Belgique (GNFB), l’homologue francophone de NBVN. «Malheureusement, aujourd’hui, il est souvent vu comme un problème supplémentaire en plus de la maladie et de la dialyse, tant sur le plan financier qu’organisationnel. Une vision et une approche uniformes des différentes utualités feraient déjà une différence.»
Un puzzle complexe avec une flexibilité insuffisante
En Flandre, les trajets des patients dialysés sont répartis en pourcentage entre les différents organisations de transport via Mutas et i-mens. En Wallonie, ce sont principalement, les mutualités, les transporteurs privés et certains centre hospitalier eux-mêmes qui assurent les transports des patients dialysés qui en ont besoin. Pourtant problème dans les deux régions du pays est principalement un manque de flexibilité et trop d’arbitraire. Gert Meeus, président du NBVN: «Après un traitement lourd, les patients dialysés doivent souvent attendre longtemps avant d’être transportés. De plus, le transporteur de patients emmène souvent plusieurs patients et la répartition des trajets est rarement optimisée. Par conséquent, lors du transport des patients, les gens parcourent de nombreux kilomètres et le patient dialysé passe beaucoup plus de temps que necessaire et souhaitable dans le véhicule. Une meilleure organisation de ce transport indispensable améliorerait sans aucun doute immédiatement la qualité des soins.»
Les questions au ministre compétent pour s’y mettre restent pour l’instant sans réponse. Cependant, quelques pistes de réflexion ont été rapidement trouvées. «Les systèmes hybrids peuvent offrir une valeur ajoutée», suggère Kenneth Arkesteyn, le président de Belgambu. «En fonction de l’état et des besoins de soins du patient dialysé individuel, on peut opter pour le mode de transportation qui convient le mieux: soit il s’agit du transport de patients (transport avec ambulancier transport non urgent de patients), soit il s’agit du transport de passagers (taxi). De cette façon, nous déployons la capacité de façon intelligente et optimale. De plus, nous soutenons toujours l’idée d’une épartition intelligente. Le projet FEDER a prouvé le potentiel de ce système à Limbourg pour le transport de patients en général et certainement aussi pour les maladies chroniques, telles que les maladies rénales. Les trajets sont ensuite revus en permanence via un système de dispatching central et replanifiés si nécessaire ou souhaitable. Malheureusement, le projet pilote a été annulé et pour le moment rien n’est plus fait avec cette idée. D’après nous, une occasion manquée.»
Selon les néphrologues, Mutas devrait collaborer avec les centres de dialyse pour rendre cet aspect du parcours de soins plus agréable. En outre, cela a à nouveau un impact positif sur la dialyse elle-même. Parfois, les patients arrivent trop tard et la planification entière du centre est chamboulé. Ou un patient ne peut même pas du tout se rendre à son rendez-vous. Et cela est bien sûr négatif pour la santé. «Nous devons nous efforcer d’avoir un plan de transport pour chaque centre de dialyse, adapté aux patients et à leur état de santé», explique Gert Meeus. «Nous sommes heureux de mettre la main à la pâte, avec Belgambu. Mutas peut alors le poursuivre afin d’optimiser la distribution de ses trajets.»
Groupe important de maladies chroniques
Évidemment, chaque patient mérite un transport de qualité et le plus agréable possible. Pour les malades chroniques, cependant, il est encore plus important car ils doivent faire appel à ce service si fréquemment. «Malheureusement, les patients dialysés reçoivent peu d’attention, par rapport, par exemple, aux diabétiques ou aux patients oncologiques», déclarent Desmet et Meeus. «Le groupe des patients dialysés est moins important en nombre, mais il représente tout de même un groupe de 8000 personnes gravement malades dans notre pays. Ils dépendent de leur transport pour leur survie. En outre, le nombre de patients dialysés continue d’augmenter chaque année. Cela ne fait qu’accroître la nécessité d’améliorer l’organisation d’un transport de dialyse de qualité.»
Le but est d’obtenir un transport de dialyse abordable et de haute qualité. La dialyse ne s’arrête pas lorsque l’aiguille est retiré du bras du patient. «Il commence et se termine à la porte du patient», souligne Gert Meeus. «Il faut éviter des soucis financiers supplémentaires en plus du traitement à cause du transport de patients. La maladie chronique entraîne de pauvreté et la pauvreté entraîne de maladie chronique. Nous devons briser ce cycle ensemble.»
Lettre conjointe attend une réponse
Suite à l’enquête de satisfaction et au problème de transport, NBVN et GNFB ont écrit une lettre conjointe à la ministre flamande de la santé Crevits, également signé par le Vlaams Patiëntenplatform et Belgambu. La question était claire: passer à l’action. Les associations professionnelles espèrent une réponse positive. “En attendant, nous ne nous reposerons pas sur nos lauriers”, disent les présidents avec conviction. “Nous sommes heureux d’unir nos forces avec Belgambu pour présenter des propositions de manière proactive.”