/ 01/12/2020
Vias: « Recenser les agressions pour une politique ciblée »
L’institut Vias s’occupe généralement de la sécurité routière et de la mobilité. Bien entendu, ces deux secteurs représentent une part importante de leurs activités quotidiennes. Cependant, l’institut comprend un troisième pilier au moins tout aussi important : celui de la sécurité de la société. C’est pourquoi Vias souhaite recenser les agressions commises à l’encontre des soignants professionnels et fournir un cadre sûr et viable en donnant des conseils sur les actions à mener.
Les agressions contre les soignants professionnels constituent un sujet d’actualité qui se révèle très complexe. « Depuis trois ans, nous tentons d’inscrire cette problématique à l’agenda politique et de recherche », explique Karin Genoe, PDG de Vias. « Nous avons le sentiment que les agressions envers les soignants professionnels sont en augmentation, bien qu’il y ait peu de données chiffrées pour le prouver. Surtout lorsqu’on souhaite faire la part des choses entre la police, les pompiers et le transport de patients, par exemple ».
Cependant, Vias n’est pas du genre à rester les bras croisés. Inspirés par les bonnes pratiques de l’étranger, l’institut a élaboré son propre questionnaire, soutenu par des échelles de comparaison avec les pays étrangers et validé par des centres de connaissances.
Collecter de précieuses données
Dire que nous ne disposons d’aucune donnée chiffrée serait exagéré. Vias examine bien sûr le nombre de rapports – sur les incidents – des services de police. Mais ce tableau reste incomplet, car beaucoup de faits ne sont pas signalés. Comme c’est le cas à l’étranger, les soignants professionnels belges considèrent encore trop souvent que les agressions font partie de leur travail, ce qui conduit à un chiffre noir très élevé. Ce qui signifie que de nombreux incidents ne sont pas signalés.
De plus, nous manquons de détails pour prendre des mesures adaptées. S’agit-il, par exemple, d’une agression verbale ou physique ? D’une menace ou d’une intimidation ? Qu’est-ce qui est l’origine de l’agression ? La consommation de substances, l’émotion, la peur, des attentes inassouvies ou une autre chose ? « Nous ne pourrons émettre de recommandations politiques fondées sur des faits et développer nos propres campagnes qu’après avoir répondu à ces questions. Aussi bien en termes de répression que de prévention. Des mesures préventives nous permettront de nous concentrer sur le changement de comportement, ce qui contribuera à réduire le sentiment d’impunité, ainsi que le risque de récidive. Cependant, notre gouvernement n’est absolument pas engagé dans cette voie. Il y a donc encore beaucoup à faire », déclare M. Genoe. « Aussi bien pour la victime de l’agression et que pour son auteur. »
Pour les victimes, un soutien psychologique peut apporter un certain réconfort. Tandis que pour les agresseurs, Vias pense à une formation leur permettant de prendre conscience de leurs actes. Il pourrait s’agir d’un module de trente heures visant à rechercher les causes de l’agression et à proposer des outils pour éviter d’autres montées de violence. Vias cumule 25 ans d’expérience dans la formation des condamnés pour infraction au code de la route.
« 30 heurs d’introspection valent mieux que 30 secondes pour ouvrir un portefeuille. »
Pendant plusieurs années, l’institut a suivi 600 conducteurs condamnés à suivre une formation après avoir pris le volant en état d’ivresse. Parmi eux, 300 ont écopé d’une sanction classique telle qu’une amende ou la déchéance du droit de conduire, l’autre moitié a dû suivre la formation. Au sein du groupe de participants à la formation, on a enregistré une diminution de 41 pour cent de la récidive. De plus, les participants se sont révélés moins susceptibles de retomber dans leur comportement déviant. Des chiffres encourageant l’instauration de ce parcours d’apprentissage dans d’autres domaines. Comme mesure judiciaire alternative, par exemple, mais aussi à un stade plus précoce, lors de la médiation dans les affaires pénales. Karin Genoe : « La portée de cette formation va bien au-delà de l’obligation de l’agresseur à suivre les cours. De fait, de nombreux participants à la formation parlent du programme à leurs proches et, par extension, ils abordent leur propre comportement. Le fait d’en parler constitue déjà une évolution positive. Nous sommes convaincus qu’un travail d’introspection de 30 heures aura plus d’effet que de prendre 30 secondes pour ouvrir son portefeuille et payer une amende ».
Une approche ciblée sur le terrain
Des données spécifiques ouvrent la voie à une approche ciblée, combinant répression et prévention. C’est précisément pour cette raison que le questionnaire Vias peut devenir un outil efficace. « C’est d’autant plus le cas s’il est combiné à une approche efficace menée avec notre réseau », explique Karin Genoe. « En outre, Belgambu peut certainement faire office de catalyseur pour faire bouger les choses. Pour recueillir des informations, mais aussi pour que les services insistent auprès de leur personnel sur l’importance du dépôt de plainte. Pour insister une fois de plus sur le fait que les agressions ne vont pas automatiquement de pair avec le fait de conduire d’une ambulance.
En présentant, par exemple, des chiffres concrets sur le nombre d’incidents, la nature des agressions et la gravité de leurs conséquences, nous pourrons également exercer plus d’influence sur le gouvernement. Nous pourrons ainsi donner forme à nos idées et les étayer à l’aide de découvertes concrètes. Pour les décideurs politiques et les ministères publics, ces arguments constituent un bon moyen de faire avancer ce processus d’apprentissage pour les agresseurs. À partir de cette vision, nous travaillons de manière constructive sur le problème, en consultation avec toutes les parties concernées », conclut Karin Genoe.
Vias lance le questionnaire via Belgambu à la mi-janvier et annonce ainsi le premier « mois contre les agressions envers les soignants professionnels ». Vous recevrez un e-mail de Belgambu comprenant le lien et un code unique pour remplir l’enquête. Partagez votre expérience et contribuez à la création d’un environnement de travail plus sûr.